Deux petites grenouilles étaient amies. L'une était gaie et optimiste, tant que l'autre était souvent d'humeur maussade. Mais elles s'entendaient bien. Si bien, qu'un soir où elles se promenaient près de l'étang, elles virent une lumière, au loin. En s'approchant, elles sentirent, venant du soupirail d'une ferme, une bonne odeur de moisie, de champignons.

Elles entrèrent et là, un terrain de jeu les attendait : des jarres, des bocaux, des pots de terre. Elles sautaient ci et là, jusqu'à trouver un parfait trampoline. Sur une jarre était tendu une toile.
Elles sautaient, sautaient... jusqu'à ce que la toile cède et que les grenouilles se retrouvent dans un pot de crème.
Les parois étaient lisses et malgré leurs efforts et ne parvenaient pas à remonter. Nos grenouilles nageaient depuis quelque temps lorsque la grenouille à l'humeur maussade dit :
– Cette odeur de crème est écoeurante, et puis nous ne parvenons à rien...
– Allez, nage, lui répondit l'autre, on n'a jamais vu une grenouille se noyer dans un pot de crème.
– Mais, je n'en peux plus, à quoi bon... dit son amie en se laissant couler. Elle se noya.
Pleine de chagrin, la grenouille optimiste continuait à battre des pieds, sa tête commençait à lui tourner et elle était quasiment à bout de forces quand... elle sentit sous ses fesses quelque chose de dur. Elle était assise sur une pote de beurre.